Kiplin: des jeux sur ordonnance pour faciliter la pratique de l'activité physique adaptée
La start-up Kiplin, qui édite des jeux mobiles pour favoriser l'activité physique adaptée, équipe déjà plusieurs hôpitaux et cliniques avec l'objectif d’"améliorer la prise en charge à distance des malades chroniques, en s'appuyant sur le levier du jeu", a expliqué son fondateur Vincent Tharreau.
Créée en 2014, la jeune pousse "s'adressait d'abord au monde du travail", a confié Vincent Tharreau. "Kiplin est né de la volonté de résoudre le problème de l'inactivité et nous avons voulu passer par le jeu pour changer les comportements et nous adresser aux sédentaires ou aux actifs qui n'ont pas forcément le temps de faire du sport."
Dès 2016, la start-up se tourne vers le monde de la santé et développe une solution digitale pour les établissements de santé, composé d'un ensemble de jeux "de santé", permettant aux patients de pratiquer une activité physique adaptée à distance, en dehors des seules séances en présentiel ou en complément de celles-ci.
Ces jeux, "développés avec l’appui d’un comité scientifique de dix experts", fonctionnent tous sur un principe identique: pour jouer, les participants doivent bouger (marcher, pédaler...) munis de leur smartphone.
C’est cette activité physique qui leur permet de progresser dans les parties. Ces jeux sur ordonnance sont prescrits par le médecin, ce qui lui permet de suivre l’activité de ses patients et de les accompagner vers un changement durable de leurs comportements.
"Les patients et les soignants jouent ensemble et en équipe, ce qui est très apprécié de la part des utilisateurs", a noté Vincent Tharreau.
"Nous proposons des jeux de plateau type jeu de l'oie, des jeux d'énigmes et d'enquêtes comme Sherlock Holmes ou encore des défis comme l'ascension de l'Everest ou de tour du monde, inspiré du roman de Jules Verne", a-t-il détaillé.
"Ces jeux se veulent 'consensuels', ils s'adressent à tous les publics disposant d'un smartphone donc à partir de 15 ans et jusqu'à 77 ans et même au-delà."
Une vingtaine d'établissements de santé utilisateurs
"L’institut Gustave-Roussy (Villejuif) a été le premier établissement de santé à tester notre solution en 2016-2017", a fait savoir Vincent Tharreau.
Le centre de lutte contre le cancer a ensuite mené, avec Kiplin, une étude clinique sur l’acceptabilité d’une solution connectée visant à promouvoir l’activité physique auprès de patientes en rémission d’un cancer du sein, souffrant de fatigue.
L'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) propose, elle aussi, Kiplin à des patients atteints de cancer et hospitalisés dans les hôpitaux Henri-Mondor, Tenon, Saint-Louis et à l’Hôpital européen George-Pompidou.
En outre, le CHU de Clermont-Ferrand "mène une étude sur l'activité physique adaptée auprès de 60 patients obèses", pris en charge au sein de son centre de soins de suite et de réadaptation (SSR).
"Dans ce cadre, les jeux Kiplin leurs sont proposés, afin de mesurer leur efficacité par rapport aux parcours habituels", a souligné la start-up dans un communiqué de presse diffusé fin août.
Enfin, les cliniques sont aussi intéressées par le concept du jeu médical et parmi ses clients, Kiplin compte la clinique Claude-Bernard (groupe Ramsay Santé) d'Ermont (Val-d'Oise).
"Nous avions testé Kiplin en septembre 2019 et nous avions été satisfaits. Cette fois, nous l'utilisons depuis début septembre et pour un an. Nous allons proposer l'application à 120 patients en chirurgie bariatrique, dans le cadre d'un traitement de l’obésité", a confié Caroline Lamanthe, coordinatrice en chirurgie bariatrique et psychologue au sein de la clinique.
Pour le premier challenge, Caroline Lamanthe compte déjà 45 inscrits et se félicite de la mobilisation des patients.
"Cela faisait un moment que nous constations qu'il était difficile de suivre les patients en activité physique adaptée après la chirurgie. Nous avions un programme en présentiel avec un coach qui se déplaçait dans l'établissement mais nous avions entre 0 et 4 patients qui venaient", a-t-elle raconté.
"C'est plus facile à distance, les jeux sont ludiques et nous participons aux challenges avec eux pour les suivre et les inciter à avoir une activité physique régulière."
Pour mieux suivre les patients et "les empêcher de trop en faire ou à se mettre en danger", les équipes soignantes accèdent "au back-office de Kiplin". "Ces données nous permettront aussi, après, de mesurer les bénéfices de l'application et d'analyser ses effets", a fait savoir la coordinatrice des soins de la clinique Ramsay Santé d'Ermont.
Hébergée chez l'hébergeur agréé données de santé (HDS) Proginov, "Kiplin ne stocke pas les données des utilisateurs", a souligné Vincent Tharreau.
Un modèle économique basé sur l'abonnement
Kiplin qui compte actuellement "une quinzaine de salariés", s'est lancée après une levée de fonds "financée par les collaborateurs, des mécènes et des business angels", a fait savoir le fondateur de la jeune pousse, choisissant de garder secret les montants levés.
Leurs jeux mobiles sont fournis gratuitement aux patients par les établissements de santé clients qui, eux, paient "un abonnement allant d'une dizaine à une quinzaine d'euros par mois et par patient", a détaillé Vincent Tharreau.
Les patients, eux, n'ont alors qu'à télécharger l'application et rentrer un code qu'il leur aura été fourni par l'établissement de santé pour accéder aux jeux.
"Ces abonnements sont proposés entre 3 mois et un an. La bonne nouvelle, c'est quand les patients arrêtent de l'utiliser justement, cela signifie qu'ils ont changé de comportement", a commenté le patron de la start-up.
Kiplin revendique 45.000 utilisateurs au total et son fondateur n'exclut pas l'idée d'intégrer un schéma de remboursement de sa solution par l'assurance maladie, à terme.