La start-up Bisom présente un outil de télérégulation
La start-up Bisom présente un outil de télérégulation expérimenté au CHU de Lille
La start-up Bisom présente depuis le 7 janvier au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas ses solutions de télémédecine d'urgence, dont un outil de télérégulation déjà expérimenté au CHU de Lille, a expliqué à TICsanté Philippe Leroy, son fondateur.
"Dans une urgence vitale, un gain de trois minutes sur la mise en oeuvre du diagnostic peut faire augmenter le taux de survie de 18%. Il peut monter jusqu'à 75% pour certaines pathologies. Notre but, c'est d'aider les médecins à gagner ces trois minutes", a-t-il déclaré en décembre.
Il s'agit d'aider les praticiens à "prendre leurs décisions en créant une application qui les appuie de manière forte et objective", a-t-il poursuivi.
Bisom, acronyme pour "bilan informatisé des secouristes d'informations médicales", a développé une solution en mode SaaS (Software as a Service) et une application Android qui permettent au secouriste d'envoyer des informations rapidement au médecin régulateur et à l'établissement de destination du patient.
Le secouriste est équipé d'une tablette avec l'application Bisom, sur laquelle il peut enregistrer le bilan du patient grâce à la reconnaissance vocale. Il est accompagné "dans la saisie des paramètres et des scores d'urgences" et peut échanger photos ou vidéos avec le médecin régulateur. Il peut également lancer une visioconférence avec ce dernier, et/ou avec un spécialiste.
"Quand le patient est prêt, son dossier est envoyé directement à l'établissement de destination, ce qui lui permet de préparer son arrivée", a indiqué Philippe Leroy. La start-up ne propose pas de solutions matérielles, a-t-il précisé.
L'outil de Bisom est "en utilisation opérationnelle depuis quelques semaines" par le service médical d'urgence et de réanimation (Smur) de Lille.
Le médecin régulateur utilise la version "tour de contrôle" de Bisom en mode SaaS, affichant les informations envoyées par les secouristes et la géolocalisation des équipes.
Deux autres versions de l'application mobile, destinées aux pompiers et aux ambulances privées, sont "prêtes" à être déployées.
Avant la diffusion de l'outil, un prototype a été expérimenté de juillet à novembre 2019. Les retours des utilisateurs ont permis d'identifier "trois leviers d'amélioration", décrits par Philippe Leroy: "la qualité technique du produit final, l'interaction utilisateur et le gain de temps permis par l'envoi par avance du dossier patient à l'hôpital".
La tarification repose sur un forfait annuel, estimé "en fonction de trois critères: le nombre d'utilisateurs, le nombre de tablettes équipées et le nombre d'interventions", a détaillé le fondateur de la jeune pousse.
Déclinaison pour les Ehpad
Au CES 2020, Bisom présente trois nouveautés actuellement "en cours de finalisation".
"Bisom Ehpad" est une déclinaison de son application pour secouristes, qui permettra au personnel d'Ehpad "de bien préparer les appels au centre 15, de communiquer les dossiers au médecin régulateur et de lancer une visioconférence si nécessaire", a détaillé Philippe Leroy.
"Bisom citoyen" permettra aux citoyens de renseigner leurs dossiers médicaux, afin que le Samu y ait accès en cas d'urgence.
Enfin, la "tour de contrôle" de Bisom proposera au médecin régulateur de lancer une visioconférence avec le patient appelant "sans aucune installation d'outil", a poursuivi le CEO de la start-up. "Le médecin enverra un SMS, le patient pourra cliquer et sera dirigé vers le site sécurisé de Bisom qui lancera la vidéo. Le but est d'aider le médecin à évaluer la situation."
Vincent Brulin, médecin urgentiste au CHU de Lille, a exercé un rôle de conseiller auprès de Bisom pendant le développement de l'outil. Il l'utilise depuis six mois et a identifié plusieurs avantages.
"Au téléphone, le médecin régulateur est aveugle. Avec la visioconférence, on peut vraiment qualifier une urgence", a-t-il détaillé à TICsanté. "Par exemple, elle permet d'évaluer la gravité d'une plaie et d'orienter le patient vers l'établissement le plus approprié", que ce soit un centre spécialisé ou une plus petite structure.
La visioconférence permet aussi "d'argumenter dans le bilan en s'appuyant sur des informations de qualité, de dire à ses collègues 'j'ai vu la situation, je sais quelle est l'urgence' et où le patient doit être envoyé".
Enfin, la dématérialisation des bilans médicaux permet au régulateur d'avoir les informations nécessaires en moins de temps que s'il devait prendre le secouriste au téléphone, et donc "de dégager de la disponibilité sur les lignes du 15 pour prendre des appels", a expliqué l'urgentiste.
Bisom emploie trois salariés en plus de ses fondateurs. Créée en mars 2019 à Lille, la jeune pousse rassemble actuellement des financements "de différentes sources", a indiqué son fondateur, sans plus de précision.