La start-up Calmedica équipe l'AP-HP d'un outil de suivi à domicile des patients
La start-up Calmedica, spécialisée dans l'utilisation de l'intelligence artificielle en santé, a remporté un appel d'offres de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) afin d'équiper ses unités de chirurgie ambulatoire d'un outil de suivi automatisé des patients en amont et en aval de leur séjour, a-t-on appris le 23 octobre auprès de Corinne Segalen, cofondatrice de Calmedica.
La start-up a reçu le 16 août la notification d'attribution de marché qui porte sur l'équipement de tous les établissements de l'AP-HP pratiquant la chirurgie ambulatoire.
"Nous travaillons déjà avec l'hôpital Saint-Antoine et l'hôpital Cochin. L'AP-HP doit valider la semaine prochaine la séquence des hôpitaux suivants", a précisé Corinne Segalen, médecin de formation et ex-présidente d'IMS Health France.
L'outil MemoQuest* proposé par Calmedica repose sur un robot conversationnel (ou chatbot) capable de dialoguer par SMS avec les patients avant et après une hospitalisation, et d'alerter les équipes médicales en cas de besoin pour le suivi post-opératoire.
A partir des fiches d'appels utilisées par les infirmières des unités de chirurgie ambulatoire pour assurer le suivi des patients à domicile, Calmedica développe un algorithme de questions/réponses "adapté à chaque hôpital" et "validé par l'autorité médicale en charge du protocole", a expliqué Corinne Segalen.
Cet algorithme, aussi appelé protocole, définit notamment "les questions qu'il faut poser au patient, le jour et l'heure à laquelle il faut les lui envoyer, les réponses qui doivent générer une alerte auprès de l'équipe médicale, et les recommandations à transmettre au patient avant et après l'opération", a-t-elle cité.
Les équipes de chirurgie ambulatoire peuvent se connecter de façon sécurisée à la plateforme fournie par Calmedica en mode SaaS (Software as a Service) pour visualiser en temps réel les patients qui ont déclenché une alerte et la raison de cette alerte.
Une traçabilité complète des échanges avec le robot est par ailleurs assurée par la plateforme.
L'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) repose sur un moteur de traitement automatique du langage naturel qui permet au robot de "comprendre" les réponses fournies par le patient.
"Dans les cas où le robot ne comprend pas la réponse, il la renvoie telle qu'elle a été formulée à l'infirmière de l'unité de chirurgie ambulatoire, qui peut la traiter", a indiqué Corinne Segalen.
Efficacité par rapport au suivi téléphonique
Testé dans le service de chirurgie ambulatoire de l'hôpital Saint-Antoine, l'outil MemoQuest* a fait l'objet d'une étude le comparant avec le suivi téléphonique traditionnel assuré par les soignants, parue en 2016 dans la revue du praticien en anesthésie-réanimation.
Cette étude montre une amélioration du respect des consignes préopératoires (CPO) avec l'utilisation du SMS par rapport à l'appel téléphonique et un taux de réponse au SMS supérieur à celui de l'appel (95% contre 60%).
Une division par 10 des retards supérieurs à 30 minutes le jour de l'opération a par ailleurs été observée pour les patients pris en charge par le robot.
Modèle tarifaire
Le service proposé par Calmedica est proposé à un coût fixe de 600 euros par algorithme développé, auquel s'ajoute une licence d'utilisation de 600 euros par an et par protocole, et un coût variable compris "entre 2 et 3 euros par patient suivi" facturé chaque trimestre et dépendant de "la complexité de l'algorithme", a détaillé Corinne Segalen.
Les protocoles peuvent être réajustés à tout moment selon les besoins de l'équipe médicale, a-t-elle précisé.
Fondée en 2013 par Corinne Segalen et Alexis Hernot, diplômé de l'école Polytechnique et de l'Institut européen d'administration des affaires (Insead), Calmedica équipe déjà plusieurs établissements de santé comme le CHU de Rennes, le groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph (GHPSJ), le CH d'Agen et la polyclinique de Gentilly à Nancy (groupe Elsan).
Calmedica propose également des robots conversationnels à des laboratoires pharmaceutiques, des associations de patients, des mutuelles, des sociétés savantes, et plus généralement "à tous les offreurs de soins qui souhaitent répondre à des questions de patients", a souligné Corinne Segalen.