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SmartMedicase: la solution qui propose la vidéo à distance pour les services d'urgence

La start-up Alrena Technologies fabrique la valise connectée SmartMedicase et la distribue aux pompiers et au Samu en Dordogne, "une solution pour désengorger les urgences hospitalières et couvrir les déserts médicaux, comme l'a appelé de ses vœux la ministre Agnès Buzyn", a expliqué Julia Barrel, directrice de projets de la jeune pousse.

Créée en 2015, la start-up est née à l'initiative du Dr Vincent Lacoste, médecin urgentiste, responsable du service d’urgences de l'hôpital de Périgueux et Guillaume Hubreght, assistant de régulation médical et responsable technique du Samu pendant 25 ans et ancien sapeur-pompier volontaire.

 

"La start-up a quatre ans mais l'idée, elle, remonte à plus longtemps. Elle a été pensée dès 2008, Vincent Lacoste et Guillaume Hubreght avaient prévu la crise actuelle du système de santé avec la saturation des services d'urgences, les postes vacants, etc.", a expliqué Julia Barrel.

Rejoints par Richard Kletzkine, entrepreneur et spécialiste de l’interconnexion entre l’informatique et les radiocommunications -aujourd'hui président de la start-up- ils ont imaginé Alrena Technologies et mis au point une valise connectée.

Concrètement, la SmartMedicase est une valise équipée d'un routeur automatisé qui utilise l’ensemble des réseaux disponibles pour recréer une bande passante unique couvrant ainsi les zones blanches d'un territoire. Elle assure donc une transmission synchronisée des informations (audio, vidéo et données médicales) dont le flux est "crypté".

 

"C'est une technologie militaire qui permet d'être connecté partout et de passer outre les zones blanches, elle nous est fournie par notre partenaire israélien Elsight", a détaillé la directrice de projet d'Alrena Technologies.

La SmartMedicase transmet les paramètres vitaux d’un patient au médecin, qui peut prescrire les actes médicamenteux ou médico-techniques qui seront administrés par l’effecteur (personne chargée d'intervenir et, éventuellement, de transporter le patient vers les urgences).

 

"Notre solution est équipée de caméras, d’un micro intégré, d’un système de transmission de données par réseau satellitaire, cellulaire ou wifi. Elle est aussi interconnectable avec des périphériques médicaux portatifs dont le poste de réception est situé à l'hôpital, et dont les résultats d’examens sont consultables en temps réel", a décrit Julia Barrel.

Les périphériques médicaux intégrés à SmartMedicase sont pour l'heure développés par trois industriels, Aspel (un électrocardiographe), Abbott (un système d’analyses de sang délocalisé) et Philips (un échographe de la gamme Lumify).

 

"Nous discutons actuellement avec le fabricant Zeiss pour intégrer d'autres périphériques destinés à l'ophtalmologie", a précisé Julia Barrel.

Des résultats encourageants à Périgueux

Pour l'heure, une seule valise, "fabriquée" par Alrena Technologies est déjà utilisée en routine par l'hôpital départemental de Périgueux (avec les pompiers de Nontron et le Samu).

"Pendant la première année de son utilisation, en 2018, il y a eu 158 interventions de la SmartMedicase, sur un secteur expérimental de la Dordogne d'environ 30 km de rayon, soit 15 interventions par mois en moyenne. Un tiers des patients, toutes pathologies confondues, a été réorienté sans passer par les urgences alors que sans la SmartMedicase, ils auraient eu recours à un service d'urgence", a détaillé Julia Barrel.

 

Sur le premier quadrimestre 2019, l'hôpital a réalisé "un focus" sur les interventions liées aux douleurs thoraciques, avec là aussi des résultats encourageants.

"Sur 27 interventions qui concernaient des douleurs thoraciques, trois seulement ont nécessité un transport du Smur vers les urgences alors même que -jusqu’à présent- les douleurs thoraciques déclenchaient systématiquement un déplacement du Smur", a complété la directrice de projets de la start-up.

 

"La suspicion d’infarctus a ainsi été écartée dans 90% des cas et la SmartMedicase a permis de gommer les sorties inutiles de 40%, réduisant ainsi la charge de travail des Smur."

Deux modèles économiques

La start-up, qui compte aujourd'hui cinq personnes, s'est lancée et développée grâce à deux levées de fonds privés, réalisées auprès de proches (dite levées en love money) d'un total de 420.000 euros.

"La valise utilisée par l'hôpital départemental de Périgueux a été prise en charge par l'agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine", a souligné Julia Barrel.

 

La jeune pousse, elle, a misé sur deux modèles économiques distincts. Elle propose ainsi une formule en abonnement allant de 2.800 à 3.000 euros par mois et par valise ou elle procède à une vente directe de la solution pour un montant de "près de 30.000 euros par valise".

"A ce prix s'ajoute le prix des périphériques médicaux de nos partenaires, selon les besoins des professionnels qui les commandent. Cela peut aller de 1.400 euros à 10.000 euros supplémentaires", a indiqué la directrice de projets d'Alrena Technologies.

 

"Nous souhaiterions nous déployer partout car nous avons la conviction que cette technologie peut répondre à la problématique de l'engorgement des urgences mais pour cela, nous avons besoin de soutien politique. Nous devions rencontrer Yann Bubien, l'ex-directeur adjoint du cabinet de la ministre Agnès Buzyn, mais il est parti diriger le CHU de Bordeaux et nous n'avons toujours pas été relancés par son successeur Thomas Deroche", a-t-elle déploré.

En attendant de nouveaux partenaires de santé, la start-up planche déjà sur une solution similaire dédiée aux structures de type établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et aux maisons médicales. Elle souhaite, à terme, équiper les ambulances pour les transformer en "ambulances connectées capables de faire de la télémédecine".

 

Wassinia Zirar
Wassinia.Zirar@apmnews.com

Source: TIC Santé

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