Avignon: l'Institut du cancer Sainte-Catherine va expérimenter un distributeur de médicaments connecté
L'Institut du cancer Sainte-Catherine d'Avignon a annoncé le 31 août sa participation à l'expérimentation d'un distributeur de médicaments connecté qui "sécurise le conditionnement des médicaments et assure, en temps réel, la juste dispensation de la dose prescrite", a expliqué Roland Sicard, président de l'institut et dirigeant fondateur de la société La Valériane, productrice du dispositif.
"La délivrance des médicaments en boîte, blisters ou piluliers à casiers tue directement ou indirectement des centaines de milliers de personnes tous les ans!", alerte l'institut.
"Ils sont sources d’erreurs de dispensation dans 57% des cas. 10% des complications graves qu’ils génèrent conduisent à 10.000 décès par an pour la France. Ils sont facteurs de gaspillage. Un médicament sur deux est non utilisé soit plusieurs centaines de milliards de dollars [...], sans compter les contrefaçons de médicaments qui sans conditionnement sécurisé représentent aujourd’hui 200 milliards de dollars", complète l'établissement de santé avignonnais.
Après "cinq années de recherche", les équipes des sociétés françaises La Valériane et SGH Healthcaring, spécialisée dans la fabrication de solutions pour l'administration du médicament, ont mis au point le distributeur de médicaments connecté Thess.
"Ces travaux ont été menés en collaboration avec les équipes de l’Institut Sainte-Catherine et de l’Institut Paoli-Calmettes (Marseille), qui nous orientent depuis 2017, nous partagent leur expérience et nous font part de leurs besoins à chaque étape de la phase de recherche et développement", a précisé Roland Sicard.
Thess, pour Therapy Smart System>, est une solution intégrée qui garantit le conditionnement des médicaments, assure en temps réel la juste dispensation de la dose de médicament prescrite et connecte en temps réel et en continu le patient aux professionnels de santé, via des applications de télésurveillance et de monitoring.
Utile dans le cadre d'une chimiothérapie orale, la solution combine un distributeur, ressemblant à un smartphone, à des capsules contenant les médicaments.
"Je prends souvent l'exemple des capsules et des machines à café Nespresso. Nous avons conçu des capsules de conditionnement des médicaments contenant une puce électronique et un distributeur de médicament intelligent, la 'cafetière' en quelque sorte. Ils communiquent en temps réel grâce à une carte 3G intégrée au distributeur et une puce intégrée à la capsule", a détaillé le président de l'Institut Sainte-Catherine.
"Tout le système est extrêmement sécurisé. Le distributeur est doté d'un système d'identito-vigilance et la capsule est, elle, paramétrée par les équipes de soins et attitrée à un patient. Elle est aussi dotée d'une caméra à l'intérieur, permettant notamment de voir si c'est bien le bon médicament et la bonne quantité qui est délivrée."
En outre, le distributeur prévient les patients lorsqu'ils doivent prendre leur traitement, vérifie qu'il a bien été délivré et dans le respect des doses prescrites. Toutes les informations sont ensuite transmises aux équipes soignantes qui télésurveillent le patient, via les logiciels de télésuivi interfacés avec la solution.
"Cela permet aux équipes soignantes d'ajuster les doses ou les combinaisons de médicaments et d'être alertées en cas de problème", a illustré Roland Sicard.
Thess sera expérimenté auprès de 100 patients des instituts Sainte-Catherine et Paoli-Calmettes (50 patients chacun) à partir de "février-mars 2021". En attendant, "la partie télésurveillance et monitoring est, elle, déjà expérimentée depuis deux mois", a fait savoir le président de Sainte-Catherine.
En outre, des expérimentations seront également menées "dans deux établissements de cancérologie américains, sous la supervision du Georgia Tech Research Institute à Atlanta" et devraient également rassembler 100 patients testeurs. "Les autres hôpitaux pourront accéder à la solution à partir de juillet 2021", espère Roland Sicard.
Un modèle économique qui se dessine
"La machine de dispensation coûte le même prix qu'un smartphone moyen de gamme, soit à peu près 400 euros à l'achat ou 20 euros par mois à la location", a expliqué Roland Sicard.
"Les capsules coûtent, elles, entre 2 et 3 euros chacune. Pour un traitement oral de 4 mois, il faut compter 4 capsules, soit 120 cachets", a-t-il développé.
"Dans le cadre de nos expérimentations, c'est l'établissement de santé qui paie tout cela. Ce sont des coûts marginaux qu'un hôpital peut supporter et avec ces capsules qui préservent l'intégrité du médicament, tous ceux qui n'auront pas été utilisés seront récupérés par l'hôpital", a-t-il commenté.
"A terme, si certains traitements et molécules ont un véritable bénéfice à disposer de ce genre de technologie pour améliorer l'observance ou le juste dosage, on peut imaginer que le prix du pilulier intelligent fasse partie du prix du médicament et soit vendu avec. Le payeur serait alors l'assurance maladie", envisage également Roland Sicard.
En attendant, Thess dispose de brevets mondiaux partagés entre La Valériane et SGH Healthcaring.
Par ailleurs, la fabrication des distributeurs et capsules de la solution Thess sera "exclusivement confiée aux usines françaises de plasturgie de SGH Healthcaring", a-t-il fait savoir.
"Tout sera 100% fabriqué en France, ce sera un pur produit 'cocorico!'"