Le détecteur de radioactivité connecté Rium se déploie à l'hôpital
Initialement conçu pour la radioprotection des personnels des centrales nucléaires, le détecteur de radioactivité connecté Rium de la start-up Icohup, qui permet de suivre en temps réel les données d'exposition aux radiations, séduit aussi plusieurs établissements de santé, a expliqué Louis Moreau, cofondateur d'Icohup.
La première version de ce "capteur de rayonnements ionisants gamma et X" est utilisée par les CHU de Bordeaux, Limoges et Clermont-Ferrand et au centre de médecine nucléaire Georges-Charpak à Quimper.
Connecté en bluetooth, wifi, 3G/4G ou à un réseau filaire Ethernet ou USB, l'outil sert à la fois de dosimètre et de spectromètre pour mesurer le débit de dose radioactive reçue et identifier le rayonnement.
Il transmet en temps réel les informations collectées dans son environnement sur une application web proposée par Icohup en mode SaaS (Software as a Service), qui peut être consultée par les chefs de service, les personnes compétentes en radioprotection (PCR) ou les personnels eux-mêmes, aux choix de l'établissement. Il génère également des alertes automatiques en cas de dépassement de seuil.
Doté d'une autonomie de 15 heures, Rium se recharge sur le secteur ou via USB.
Les dosimètres actuellement utilisés dans les centres de médecine nucléaire, de radiothérapie ou dans les services de radiologie "ne sont pas du tout connectés", ce qui conduit parfois à des délais de "plusieurs heures ou plusieurs jours" pour être alerté en cas de surexposition, a observé Louis Moreau, doctorant en sécurité informatique.
En outre, ils se rechargent sur des bornes "parfois installées dans les couloirs et accessibles à tous", constituant autant de potentielles "failles de sécurité", a-t-il ajouté.
La première version de Rium, un peu plus grande qu'un téléphone portable, est pour l'instant utilisée dans les établissements de santé comme "dosimètre d'ambiance". Apposé dans certaines salles de l'hôpital, il mesure en temps réel un niveau de radiation par pièce.
"Cela peut être dans une chambre ou dans une salle d'attente pour repérer un rayonnement inhabituel et prévenir les usagers", a cité Louis Moreau à titre d'exemple.
La "prochaine étape" d'Icohup est la mise à disposition de Rium 2, une version mobile du dispositif, qui pourra être portée par les professionnels de santé et servir de dosimètre personnel. Louis Moreau n'a pas souhaité préciser sa date de commercialisation.
La start-up entend également "adapter davantage" son détecteur à différents usages dans plusieurs secteurs d'activité, en renforçant notamment sa sensibilité dans certains cas.
Rium est actuellement proposé au tarif de 590 euros par détecteur, avec des prix dégressifs en fonction de la quantité achetée. L'abonnement à la plateforme de suivi en temps réel des données collectées est de 40 euros par mois.
Basée à Limoges et Lyon, Icohup réunit une équipe de neuf personnes. L'entreprise est financée grâce à des fonds publics de la région Nouvelle-Aquitaine et de la banque publique d'investissement Bpifrance. Elle a aussi réalisé une levée de fonds de 400.000 euros auprès d'acteurs privés.
Au-delà des établissements de santé, Rium est utilisé par Dalkia (groupe EDF), la société Orano (ex-Areva), les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) de Côte-d'Or et de Haute-Vienne.